“On a lancé l’IA”… et maintenant, tout le monde attend
Dans de nombreuses TPE/PME ou collectivités, le scénario est devenu presque classique.
Un jour, un responsable ou une direction décide de “lancer l’IA dans l’entreprise”.
On ouvre un compte ChatGPT, on fait circuler un lien Copilot, parfois on crée même un groupe WhatsApp “IA”.
Et ensuite ? Plus grand-chose.
L’enthousiasme retombe.
Les outils sont là, mais personne ne les utilise vraiment.
Ou alors, toujours les mêmes.
Pas par mauvaise volonté.
Mais parce que l’IA n’est pas un outil magique.
C’est une compétence à développer.
Et cette compétence, dans beaucoup d’équipes, personne ne l’a encore vraiment transmise.
L’illusion du “déploiement rapide” : un piège fréquent
En 2024, seulement 13 % des TPE/PME françaises déclaraient utiliser une solution d’IA dans leurs activités, selon l’enquête FranceNum. Et parmi elles, près de la moitié affirmaient ne pas savoir évaluer les résultats de cette adoption.
C’est le grand paradoxe de l’IA : on en parle beaucoup, on l’installe parfois… mais on l’utilise peu, ou mal.
Pourquoi ?
Parce que le déploiement technologique a souvent été pensé comme un outil à distribuer, et non comme une compétence à cultiver.
Les 5 vraies raisons pour lesquelles vos équipes n’utilisent pas l’IA
1. Personne n’ose poser de “questions bêtes”
Dans les réunions, on hoche la tête, on note, on clique sur les liens partagés. Mais à midi, dans les couloirs, les vraies questions surgissent :
- “C’est quoi un prompt au juste ?”
- “Et si je me trompe, ça garde une trace quelque part ?”
- “Je peux utiliser ça pour les mails ?”
Les équipes n’ont pas besoin d’une vision, elles ont besoin de repères concrets.
2. Les formations sont trop floues ou trop techniques
Une conférence sur “l’avenir du travail” n’aide pas une assistante de direction à rédiger son compte-rendu plus vite.
Un webinaire sur les modèles de langage n’aide pas un comptable à extraire un résumé de rapport.
Ce qu’il faut : des cas d’usage métiers, précis, testés en direct.
3. La peur de mal faire paralyse l’expérimentation
L’IA génère du texte, des images, des tableaux… mais elle fait aussi des erreurs.
Et personne ne veut être le premier à se tromper.
Alors on préfère ne rien faire.
4. On n’a pas identifié les bons relais en interne
Dans chaque structure, il y a 1 à 2 personnes prêtes à tester, à comprendre, à guider les autres.
Mais souvent, on déploie l’outil sans chercher ces personnes-clés. Résultat : l’IA devient un objet flottant, sans ancrage.
5. Il n’y a pas de suivi, pas d’espace pour les retours
L’IA est souvent déployée comme un logiciel “en plus”.
Mais sans mesure, sans ajustement, l’outil reste décoratif.
Et la courbe d’apprentissage reste plate.
Ce qui fonctionne vraiment : une méthode simple et réaliste
Voici une méthode que j’applique dans mes ateliers et accompagnements, conçue pour les structures sans service innovation ni service informatique dédié.
1. Identifier vos “personnes-ressources IA”
Ce sont celles qui posent des questions, testent, osent.
Même si elles ne sont pas expertes, elles sont moteurs.
Astuce : donnez-leur une mission concrète : tester 2 usages IA par semaine pendant 3 semaines, puis partager leur expérience.
2. Proposer des ateliers pratiques sur des cas réels
Pas de théorie. Pas de blabla. Un atelier bien conçu permet de découvrir 3 à 5 cas d’usage concrets, en lien direct avec les missions du quotidien.
Par exemple :
- Rédiger un email client plus vite
- Synthétiser une réunion avec ChatGPT
- Réécrire une annonce de recrutement
- Générer un visuel pour les réseaux sociaux
C’est justement l’objectif de mes ateliers d’initiation à l’IA.
3. Valoriser les petites victoires
Après un atelier, demandez à chaque personne ce qu’elle a pu appliquer dans les 7 jours.
Et partagez ces retours dans une newsletter interne, un groupe WhatsApp ou une réunion.
Même si c’est “j’ai gagné 10 minutes sur un email”, cela compte.
4. Rassurer (vraiment) sur la place de l’IA
L’IA ne remplace pas.
Elle aide.
Elle automatise les tâches pénibles, pas l’expertise humaine.
Parlez ouvertement des craintes : c’est la meilleure façon de les désamorcer.
5. Penser le suivi comme un lancement produit
Créez un espace simple pour les questions : canal Slack, WhatsApp, boîte mail dédiée.
Ajoutez des rappels réguliers : exemples de prompts, mini-défis IA, témoignages.
Et surtout, ajustez le tir régulièrement.
C’est ce que je propose dans mon accompagnement IA sur 3 mois : une approche progressive, collective, sans pression.
Tableau récapitulatif : votre feuille de route IA PME
Étape | Objectif | Astuce |
---|---|---|
Identifier les curieux | Lancer sans imposer | Leur confier une mission simple et limitée |
Former sur des cas réels | Gagner en autonomie | Atelier court = effets visibles immédiats |
Valoriser les progrès | Créer une dynamique | Exemples partagés = effet boule de neige |
Rassurer et encadrer | Réduire la peur | Q&R, discussions ouvertes, transparence |
Suivre et ajuster | Installer durablement | Rappels, feedbacks, relances douces |
Pour aller plus loin
- Enquête FranceNum sur l’adoption de l’IA – 2024
- Comment j’ai transformé des heures de synthèse douloureuse en 10 minutes efficaces grâce à l’IA
- Une autre tâche que l’IA peut vous simplifier : créer des slides sans stress
- Cas d’usage concrets régulièrement partagés dans mon Blog
Conclusion
Adopter l’IA ne doit pas être un fardeau, ni une course à la modernité.
C’est un changement de posture, un apprentissage progressif, une nouvelle boîte à outils à apprivoiser.
Et si ce changement est bien accompagné, il peut libérer du temps, redonner du souffle… et même raviver un certain plaisir au travail.